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Le marché du travail vit une profonde transformation organisationnelle qui bouscule les pratiques et les façons de faire. Il peut devenir difficile pour les gestionnaires et les employés de s’adapter à ces changements constants et sans précédent et de trouver les repères, tout en restant motivés et performants. BÉATRICE THOMAS, conseillère aux organisations à l’ENAP, conférencière, formatrice et auteure, nous fait part de son expérience par rapport aux changements et à la nécessité d’oser.
Quel sens peut-on donner au profond contexte de transformation que nous vivons actuellement et pourquoi y prendrions-nous part?
Les visions qui nous sont partagées, lors de grandes transformations, peuvent nous paraître éloignées des défis que nous rencontrons au quotidien comme gestionnaires ou professionnels. Pour tenter de donner un sens à ces transformations, voici trois conseils que je pourrais donner et qui nous amènent à nous questionner. D’abord, ramener le changement à sa réalité en se demandant : « En quoi le changement me concerne-t-il directement? Quelle est son incidence sur mon travail et sur mon rôle ou sur moi comme individu? Est-ce que les raisons qui m’ont amené à choisir ce travail sont toujours d’actualité et alignées sur mes aspirations? » Ensuite, les changements organisationnels sont aussi une occasion de se recentrer sur sa mission et de se réapproprier le sens de son engagement professionnel : « Est-ce que ceux-ci remettent en cause mon engagement, mes valeurs, les buts que je m’étais fixés? » Enfin, les changements nous amènent à prendre acte, c’est-à-dire qu’ils nous invitent à mieux nous situer dans le contexte de transformation en ciblant ce qui nous convient dans les orientations, les directives et les décisions et ce qui ne nous convient plus. En faisant cela pour nous-mêmes, nous reprenons le « lead » et évitons d’être ballotés dans les turbulences.
Comment pouvons-nous nous positionner et choisir de prendre part aux changements?
Après avoir « pris acte » de ce qui nous convient et de ce qui ne nous convient plus, nous faisons face à deux choix, soit subir ou agir. Si je choisis de ne rien changer, de continuer comme avant et d’endurer, alors je subis. Il deviendra de plus en plus difficile de maintenir mon statuquo puisque cela deviendra essoufflant, décourageant, voire démotivant. Il reste que ce sera un choix à part entière. Si je choisis d’agir, je choisis de me questionner, de réfléchir, d’envisager de nouvelles possibilités, de me positionner différemment et de décider ce que je veux faire dans le contexte. Il découle de ce choix conscient un projet qui redonne un sens, l’envie de s’impliquer et de trouver sa place dans cette transformation. Agir implique nécessairement d’oser et donc de savoir faire preuve d’audace!
Quels sont les comportements et les qualités qui peuvent nous aider comme acteur de changements au sein de son organisation?
Je dirais que l’agilité est l’une des premières qualités nécessaires. Être agile comprend à la fois une souplesse d’adaptation et d’acceptation de la réalité, une vivacité intellectuelle utile aux questionnements et aux décisions et une capacité à lire son environnement et ses acteurs. Être agile, c’est aussi avoir la capacité de rebondir, c’est-à-dire la capacité de trouver les ressources et les moyens de repartir à zéro, d’aller chercher ailleurs ce qui nous manque ou ne nous convient plus. Il faut aussi avoir le courage d’agir, de trouver en soi cette force d’affirmation et d’expression de ses convictions et de ses choix tout en agissant en cohérence avec eux. Pour ce faire, il faut aussi savoir prendre des risques assumés, oser essayer quelque chose de nouveau tout en acceptant d’être jugé ou critiqué pour ce que l’on fait de différent. Il faut également faire preuve de persévérance et garder en tête que les changements prennent du temps et que la finalité évolue en chemin. Il ne faut donc pas renoncer au premier obstacle et garder en tête le cap à atteindre. Enfin, il faut savoir faire preuve d’humilité, savoir reconnaître ses erreurs pour en tirer une source d’apprentissage et de développement personnel et professionnel. Cela permettra de s’améliorer toujours et encore : c’est une grande force!
En guise de conclusion, je pense qu’il faut retenir qu’en faisant preuve d’agilité, on se donne la capacité de choisir en donnant du sens à ce qui arrive, mais aussi le courage d’agir en toute conscience!
Merci à Béatrice Thomas pour sa générosité!
Béatrice Thomas, conseillère aux organisations à l’ENAP, accompagne les organisations depuis 15 ans dans leurs défis de transformation. De nombreuses interventions comme consultante, coach et facilitatrice au sein de plusieurs grandes organisations au Québec et en France lui ont permis de mieux comprendre les gestionnaires et de les accompagner à faire face aux enjeux de développement de leurs compétences en gestion et dans l’exercice de leur leadership. Elle a parallèlement enseigné 10 ans à HEC Montréal et donné des conférences au Québec et en Europe (France, Suisse et Belgique).
Vous avez aimé les propos de Béatrice Thomas sur l’agilité et le changement? Voici deux livres dont elle est l’auteure :
– Si j’osais! Paru en 2009 et réédité en 2012 aux éditions Québecor.
– Devenez un acteur de changements! Paru en 2015 aux éditions Jouvence.