Comment la prise de décision est-elle influencée par les biais? Comment les prévenir?

Personne n’est à l’abri des biais qui teintent notre jugement! Cette capsule porte sur l’influence de ces biais sur notre prise de décision et sur les moyens de réduire leurs effets.


Quels sont les types de biais et comment influent-ils sur la prise de décision?

Les biais d’observations

Ces biais nuisent à la prise de décision en déformant notre perception de la réalité :

  • Biais de cadrage : La façon de formuler une question ou une affirmation peut influer sur la perception de nos interlocuteurs, tout comme nous pouvons être influencés par la tournure d’une question ou d’une affirmation.
  • Biais de disponibilité : Les solutions les plus récentes, les plus utilisées et les plus éprouvées sont aussi généralement les plus populaires.
  • Biais de confirmation : Nous avons tendance à interpréter, à juger et à privilégier l’information qui se conforme à nos idées préétablies.

Les biais de délibération

Ces biais influencent négativement les échanges et nous amènent à prendre des décisions qui ne sont pas nécessairement les meilleures, ou qui ne reflètent pas nécessairement les opinions du groupe :

  • Biais de conformité ou de popularité : Les personnes au sein d’un groupe ont tendance à suivre les décisions de la majorité.
  • Biais de faux consensus : Nous avons tendance à croire que les autres sont plus en accord avec nous qu’ils ne le sont réellement.
  • Biais d’opposition : Il nous incite à rejeter plus facilement des propositions qui proviennent d’un groupe opposé au nôtre.

Les biais d’exécution

Ces biais peuvent nuire au processus décisionnel en nous amenant à voir trop grand et à vouloir changer plus que ce qu’il est réellement possible :

  • Biais d’optimisme : Nous avons généralement des attentes irréalistes ainsi qu’une trop grande confiance quant au déroulement de nos travaux ou projets.
  • L’illusion de contrôle : Ce biais nous porte à surestimer notre degré de contrôle sur une situation donnée.

À réfléchir

Tout comme les biais, le « bruit » peut nous amener à commettre des erreurs de jugement. Contrairement aux biais, qui sont prévisibles, le bruit génère une erreur aléatoire, une variabilité du jugement. Alors que les décisions prises sous l’influence d’un même biais tendent vers des résultats semblables, les décisions prises en présence de bruit partent dans tous les sens. Le bruit peut se trouver dans l’ordre de parole, la fatigue ou l’humeur des personnes ayant un pouvoir décisionnel, etc. Partout où il y a du jugement, il y a du bruit.

Comment diminuer l’influence des biais et du bruit sur la prise de décision?

Il est impossible d’éviter totalement les biais. Ils sont indissociables du fonctionnement même de notre cerveau. Cependant, en prenant conscience de leur existence, nous pouvons activement travailler à diminuer leur effet sur nos échanges. Voici quelques stratégies pour y arriver :

  • Favoriser l’introspection et la pleine conscience : ouvrez vos « antennes » et observez vos sentiments et vos motivations. Il sera plus facile ensuite de vous en distancer.
  • Analyser les données probantes : utiliser des sources de données variées permet de limiter les biais. Pour en savoir plus sur ce sujet, consultez les prochaines capsules de ce bulletin.
  • Permettre les réponses anonymes : lorsque les résultats risquent d’être influencés par la dynamique de groupe, n’hésitez pas à recourir aux consultations anonymes. Cela permet aux personnes de s’exprimer librement et vous réduisez ainsi les biais de conformité.
  • Développer l’empathie : tentez de voir la situation du point de vue des autres afin d’atténuer les faux consensus.
  • Utiliser la co-construction et l’intelligence collective : créez des équipes en incluant des personnes provenant d’une diversité de parcours professionnels, de champs universitaires, de culture, d’âge, etc. Cela permet de briser les « chambres d’écho » et de limiter les biais de confirmation.
  • Intégrer des mécanismes de rétroaction et d’adaptation : des rétroactions à intervalle régulier permettent d’avoir l’heure juste sur l’avancée des travaux et de réduire l’impression de contrôle et l’optimisme injustifié.

Outils et pratiques tirés de :

Bias-busters: who you gonna call?
Policy Lab
Royaume-Uni, 2018

Bias-busters 2: Deliberate deliberation
Policy Lab
Royaume-Uni, 2018

Bias-busters 3: Nudge, Dewey and Executioner
Policy Lab
Royaume-Uni, 2018

Olivier Sibony : NOISE – Pourquoi nous faisons des erreurs de jugement et comment les éviter
Nudge Unit – B.E. GOOD! Podcast
International, 2021

Biais cognitif, quand tu nous tiens
Les Affaires
Québec, 2021